Le sentier de découverte du Bocard

Sous les pins et les rochers, il fait bon flâner sur ce sentier jalonné de panneaux explicatifs, accessibles sur votre smartphone ou que vous pouvez télécharger ICI.

 

Les panneaux jalonnés le long du sentier sécurisé vous permettront  de découvrir ce site patrimonial d’exception pour comprendre comment la roche se transformait en argent et quels ont été les impacts d’une telle activité sur la commune au XIXe siècle.

Pour votre sécurité et la préservation de ce site fragile, il est interdit de s’aventurer en dehors du chemin aménagé. En cas d’accident à l’extérieur de celui-ci, vous serez tenu pour seul responsable.
Merci également de ne pas ramasser pierres ou objets, des recherches archéologiques sont en cours

 

Table des matières

Bienvenue sur le chemin de l'argent

Dans ce vallon, entre 1781 et 1894, s’est développée une importante activité d’extraction et de traitement de la galène, un minerai de plomb argentifère.

Suite à la découverte fortuite de filons prometteurs, des galeries sont percées dans les montagnes environnantes pour en extraire des blocs.

Après un premier tri, ces blocs sont ensuite envoyés à Villefort, où existait déjà une usine permettant la transformation en plomb et lingots d’argent.

Rapidement l’activité prospère.

Mais le transport s’avère trop coûteux : sur les bords du ruisseau de la Picardière, une usine est construite en 1827 nécessitant d’importants travaux d’aménagement.

Une véritable industrie se met en place, recrutant même son personnel à l’étranger.

L’usine fournit en 1847 le quart de la production nationale d’argent !

Mais à partir de 1869, les difficultés se multiplient et l’usine ferme définitivement ses portes en 1894.

La nature reprend ses droits, et donne aujourd’hui au site un caractère de ruines romantiques.

- On recrute !

Durant le XIXe siècle, le statut de mineur offrait plus d’avantages que celui de paysan : on obtenait son salaire directement en fin de journée ou de mois, et non pas après une année complète de labeur dans l’espoir d’une hypothétique bonne récolte. S’il est vrai qu’il y eut des paysans-mineurs, il reste difficile d’imaginer une activité industrielle capable de produire un quart de l’argent national avec des employés qui ne sont pas présents continuellement. Vialas, comme les entreprises industrielles de son époque, avait développé des politiques paternalistes qui ont conduit à l’abandon du statut de paysan et la prolétarisation de son personnel. Les employés bénéficiaient de certaines avancées sociales comme l’instruction obligatoire et gratuite dès 1838, soit bien avant les lois de Jules Ferry. La discipline était stricte et un système de sanctions avec retenues sur salaire était appliqué à tous les ouvriers. A son apogée en 1866, l’usine compte 522 employés répartis sur plusieurs postes ! Les difficultés de l’entreprise à partir du milieu du XIXe siècle eurent des répercussions sur la démographie de la commune qui perd, en une cinquantaine d’années près de 40% de sa population, migrant  probablement vers les bassins miniers d’Alès, qui ont la réputation de mieux payer leurs employés.

- Le bon filon

Toutes les roches sont des minéraux mais certaines sont considérées comme des minerais car elles sont porteuses d’un élément chimique particulier : un métal ou une matière précieuse. Dès lors que l’on exploite ce minéral pour le métal qu’il contient, on parle de minerai. La galène est un minerai qui se présente sous la forme de filons et qui contient du plomb. Mais ce n’est pas le plomb que l’on exploite à Vialas, c’est l’argent : car dans certains cas lors de la formation des filons, il se produit une substitution d’atome qui fait naître du plomb porteur d’argent : le plomb argentifère.

 

- A l'abattage !

Au moment de la découverte des filons, en 1781, personne n’avait le souvenir d’une ancienne activité minière à Vialas. Pourtant, d’après le directeur de l’époque, certaines galeries présentaient des traces d’exploitation par le feu. Cette technique utilisée depuis la Préhistoire consiste à chauffer les parois avec du feu pour faire éclater la roche. C’est pour cela que l’un des filons serait appelé « des anciens ». Néanmoins, les preuves manquent aujourd’hui pour d’affirmer qu’il y eut une exploitation avant le XVIIIe siècle.

 

- Sur le carreau

Aux sorties des principales galeries se trouvaient plusieurs places et couloirs de tri tels que ceux-ci.

- Le pouvoir de l'eau

L’usine se trouve en contre-bas. Elle a pris le nom de Bocard en référence à l’une des machines particulièrement bruyantes, qui permettait de broyer le minerai. Face à vous, une grande partie des ateliers de préparation mécanique, a été détruite. Ces bâtiments abritaient au premier étage des logements pour le personnel. Leur organisation était conditionnée par le parcours de l’eau. Cette dernière était la principale force motrice des machines de l’usine, ce qui causait de fortes perturbations lors des périodes de sècheresse ou de gel.

- La préparation mécanique

Cette opération sert à retirer le maximum de parties stériles pour ne conserver que les parties les plus riches en minerais, prêtes à fondre, que l’on appelait les schlichs. Plusieurs machines ont été utilisées à des époques différentes pour broyer puis classer le minerai en fonction de sa taille, de sa densité : plus le minerai est riche, plus il est lourd. Entre modernité et archaïsme, ces machines s’inspirent des savoir-faire allemands et anglais. Les rapports des élèves ingénieurs venus en observation à Vialas sont de précieux documents pour la connaissance des machines et des techniques employées.

- Ça chauffe !

La fonderie a été installée en 1827, puis modifiée et agrandie en 1860. Avant 1827, les minerais étaient envoyés à Villefort à dos de mulets via le col de Mont-Clar, un trajet particulièrement long et coûteux. Les schlichs arrivaient à la fonderie pour subir le traitement métallurgique qui est l’ultime processus en plusieurs étapes qui permettait d’obtenir de l’argent pur. Il fallait d’abord séparer le métal, c’est-à-dire le plomb argentifère, du minerai, c’est-à-dire la galène. Pour cela on procédait à un grillage au four à réverbère puis à une fonte au four à manche. On obtenait alors du plomb porteur d’argent, appelé plomb d’oeuvre. Il fallait ensuite séparer le plomb de l’argent qu’il contenait grâce à la coupellation. La fonte dans le four de coupellation permettait d’obtenir successivement différents produits.
Les sous-produits, appelés abzugs apparaissaient en premiers, ils étaient retraités avant d’être commercialisés comme plomb aigre. On obtenait ensuite des oxydes de plombs appelés litharges, qui sont utilisés comme colorants du fait de leurs teintes rouge et jaune-orangé, puis enfin, le plomb aigre et l’argent brut qu’il faut encore raffiner et couler en lingot. La coupellation est une technique connue depuis la préhistoire. En 1847, Vialas produisait ¼ de l’argent français. On dit même que l’argent issus de l’usine Vialas était utilisé pour fabriquer les écus de 5 francs frappés à l’effigie de Napoléon III et qu’en 1870 on « produisait du plomb pour la revanche et de l’argent pour la victoire ! ». La baisse des cours de l’argent métallique et l’épuisement des filons ont eu raison de cette activité qui cessa définitivement en 1894.

- Partir en fumée !

Les fumées émises par les fours pouvaient s’avérer dangereuses, et on cherchait donc à les évacuer le plus loin possible de l’usine. Les fumées comportaient des particules de plomb et d’argent qui étaient récupérées grâce à un ramonage régulier de la cheminée et grâce à une « chambre à sacs », présente à l’angle de la cheminée, en bordure du sentier. Les fumées passaient à travers des sacs et les particules d’argent et de plomb, plus lourdes que les autres composants des fumées, y restaient enfermées. Les produits commercialisables quittaient Vialas par la route sur laquelle vous êtes et qui se poursuivait le long du Luech avant qu’une crue ne la détruise. L’argent partait en diligence vers Paris, le plomb et les autres produits partaient en charrettes, puis en train jusqu’à Beaucaire et ensuite en bateau vers les grandes villes de France.

- Couvrez tout !

L’espace disponible dans cette vallée n’était pas assez important pour installer une usine. Pour gagner de la place, on a couvert l’usine avec une voûte, créant ainsi un espace plat. Composée de plusieurs tronçons et réalisée avec de petits blocs de pierres de schistes, elle recouvre le ruisseau de la Picadière sur près de 100m. L’eau du ruisseau ne servait pas à actionner les machines car son débit est trop irrégulier. On déviait une partie des eaux du Luech pour alimenter l’usine.

- La mine au bois dormant

C’est un véritable «trou de verdure », source littéraire pour Jean-Pierre Chabrol qui s’en inspira pour écrire le premier chapitre de son roman La Gueuse « la mine au bois dormant». Il est régulièrement entretenu par l’association du Filon des Anciens et la suppression des ronces laisse apparaître des éléments oubliés, comme le canal d’amenée des eaux, que vous apercevrez en contre bas du chemin au bord de l’usine. L’entretien régulier du site permet une préservation de ce patrimoine exceptionnel et la (re)découverte de nombreux éléments. L’association Le filon des Anciens œuvre pour sa conservation et sa mise en valeur au travers de diverses actions.

La nature reprend aujourd’hui ses droits sur ce qui fut, de 1781 à 1894, une activité industrielle importante grâce à l’exploitation de la galène, un minerai de plomb argentifère. 

Comment y aller ?

A pied

A partir du centre du village, engagez-vous sur le Chemin de la Vigne, puis retrouvez la calade piétonnière, qui vous mènera en vingt minutes vers le hameau de La Planche et le site du Bocard.

Par la route

Depuis Vialas, près du Temple, prendre la direction « Col de Banette » et « La Planche ». Parking sur place.

Informations pratiques

  • Sentier découverte en accès libre, balisé, 3 km, environ 2 heures

  • Espace pique-nique aménagé au bord de la rivière

  • Pour votre sécurité, et la préservation de ce site fragile, IL EST INTERDIT DE S’AVENTURER EN-DEHORS DU CHEMIN AMÉNAGÉ . En cas d’accident à l’extérieur de celui-ci, vous serez tenu pour seul responsable.

  • LE SITE EST INACCESSIBLE AUX POUSSETTES ET AUX PERSONNES A MOBILITE REDUITE.

  • Merci également de NE PAS RAMASSER PIERRES OU OBJETS. Des recherches archéologiques sont en cours.

Visites

Pour découvrir plus en détail l’histoire du Bocard, des visites guidées sont organisées régulièrement par Mariette EMILE, guide-conférencière.

Les visites guidées permettent d’entrer à l’intérieur de l’ancienne fonderie, sur le site archéologique (espace fermé au public hors visites, mais visible depuis le sentier). Ces visites ne sont pas accessibles pour les personnes à mobilité réduite.

Les visites pour les individuels ont lieu d’avril à octobre.

Pour les groupes, visites toute l’année.

Contact : Mariette EMILE 06 37 91 66 25

Le Bocard et les scolaires

La Révolution Industrielle est un élément important du programme d’Histoire en cycle 3, en 4ème et en première. L’acquisition d’une culture scientifique, technologique et industrielle est un des objectifs poursuivis par l’Éducation Nationale : « questionner le monde » en cycle 2, « matière, mouvement, énergie, information » en cycle 3, enseignements scientifiques à partir du collège.

La mine de Vialas peut être abordée sous l’angle de l’architecture, des techniques, de la chimie et de la géologie ou de la littérature, dans une démarche pluridisciplinaire intéressante. Les vestiges spectaculaires et la fascination pour l’argent-métal suscitent l’intérêt des jeunes.

Mariette EMILE, guide-conférencière, propose des découvertes adaptées du site sous forme de « chasse aux indices », et des interventions en amont ou en aval de la visite.

Télécharger le Dossier pedagogique Bocard pour collèges

Et pourquoi pas une journée entière à Vialas ?

Après votre visite de la Mine, une plagette au bord du Luech, toute proche et équipée de tables de pique-nique et d’une toilette sèche, vous accueillera pour la baignade.

Autre monument remarquable, le temple protestant, l’un des rares à ne pas avoir été́ complètement détruit lors de la guerre des Camisards, au XVIIIe siècle.

A Figerolles, en route vers le Moulin Bonijol, autre témoin de la vie traditionnelle, admirablement restauré, vous découvrirez quelques intéressantes œuvres de land art, réalisées en pierres sèches par Roland Mousquès.

Enfin, la commune est un endroit de loisirs très prisé pour ses sentiers de randonnée, son rocher de Trenze propice à l’escalade et l’eau pure de ses nombreux torrents.